La révolution

Ces années ne furent pas les meilleures que connut Lompret.

Le Comité Révolutionnaire composé de douze membres présidé par Alexis Lallemand « surveillait » le village, citoyens, Maire et les cinq conseillers.

La population, d’environ 550 habitants était principalement composée de laboureurs et de journaliers. Seuls deux Notaires et environ huit marchands et artisans composaient le tissu non agricole. Le village comportait 142 logis répartis ainsi:

  • 44 au Bourg
  • 28 au Grand Logis
  • 35 au Vieux Soldat
  • 28 au Vert Touquet
  • 7 habitations isolées

La superficie de la commune à cette époque était reprise pour 226 Bonniers soit près de 340 hectares.

De nombreux agissements vont défrayer la chronique de ces années de « Liberté ». Les familles eurent à compter de nombreux conflits internes. Majorité des lomprétois crurent que Liberté et Egalité permettait tout ce qui avant été interdit. On dénomma un nombre important de naissances illégitimes, la mortalité infantile était importante. La commune se retrouvait avec un nombre important et grandissant d’indigents. La mode était à la dénonciation et aux règlements de compte, le Comité Révolutionnaire, allant jusqu’à effectuer des perquisitions, épiait les habitants et affirmait sa puissance et dominance par de nombreuses amendes et sanctions.

Un rapport sur une de ces visites nous en apprend beaucoup:

« Liberté Egalité »

 » Nous, Président et membres composant le Comité Révolutionnaire de la Commune de Lompret, étant assemblés au lieu ordinaire de nos séances, après dénonciation de plusieurs citoyens qu’il se trouvait de l’hachelin provenant du cydevant Château de la Veuve de Villerre, déclarée Émigrée, dans la maison du citoyen Eugène Delattre, Président de la Municipalité de ladite commune de Lompret, nous avons délibéré à faire une visite domiciliaire et nous avons trouvé la quantité de cent trente planches d’hachelin de huit à douze pieds de longueur.

Fait à la séance du vingt et un messidor, IIe année Républicaine.

Salut et Fraternité. »

 (HACHELIN: PLANCHES BRUTES TELLES QUE DÉBITÉES PAR LES SCIEURS ET DESTINÉES À SUPPORTER EN CHARPENTE LES TUILES, TUILOTS OU ARDOISES)

La Veuve « de Villerre », du château du même nom, avait émigré non sans avoir préalablement dispersé et caché une importante partie de ses biens, notamment ces planches qui furent retrouvées chez son voisin, le Maire, Eugène Delattre, laboureur à la ferme du Grand Logis non loin du château.

De même on peut citer la pétition du 19 Thermidor, An III, à l’encontre de Germaine Delespaul, Veuve de Georges et belle-soeur d’Auguste Delespaul, membre du Comité de surveillance.

 » Nous Président, Officiers Municipaux et Notables, composant le Conseil Général de la Commune de Lompret, District de Lille, au département du Nord, assemblés en la maison commune, ensuite de Convocation duement faite par le Sergent-Garde-Champêtre et de la cloche tintée, un membre a exposé que la citoyenne Veuve Georges Delespaul, cultivatrice en cette commune, avait vendu à la Municipalité le six du mois de prairial dernier, le nombre de vingt-une rasières de blé au prix de trente-sept livres dix soles la rasière, pour subvenir en partie à la subsistance des indigents de cette commune, qu’elle avait livré douze rasières en quatre fois, qu’il restait encore à livrer neuf rasières, qu’elle était en retard de le faire et qu’on avait pu, jusqu’à présent, y parvenir malgré les sollicitations qui lui ont été faites plusieurs fois, que ce retard et cette opiniâtreté de sa part a causé des dommages et intérêts considérables en ce que la Municipalité a été obligée de se procurer des subsistances hors de la commune au prix incessif et beaucoup au-dessus de celui convenu avec ladite Veuve Delespaul, que cependant cette dernière devait être contrainte à exécuter son obligation. En conséquence la matière fut mise en délibération et il a été unanimement décidé en présence du Procureur de la Commune que ladite Veuve Delespaul sera contrainte à fournir à la commune lesdites neuf rasières de blé,que pour cet effet elle sera traduite au Tribunal du district de Lille, pour l’y faire condamner et poursuivre jusqu’à jugement définitif, aux frais de cette Commune, mais qu’avant tout, il sera sollicité du Directoire du Département du Nord, une autorisation à cet effet.

Fait et délibéré au Conseil Général de la Commune de Lompret, en notre séance publique tenue le vingt-neuf Messidor, III e année de la République Française une et indivisible.

Signés par J-P Lernould, Président

J.-M. Bonnier, E.Delattre, A.Lallemand, J.-Bpte Lelong, R. Quennesson, J.-M. Cousin, J.-Bpte Marescaux, A. Lecour. »

La Veuve Delespaul comparut donc et,après avoir lu la requête du Conseil de Lompret, les membres du Directoire:

« pensent que ladite Veuve Georges Delespaul doit être contrainte à fournir le restant de son marché et la condamnent à effectuer la livraison qu’elle s’était engagée de faire à ladite Municipalité. »

Les registres d’Etat Civil à cette époque étaient tenus par les Paroisses qui notaient, naissances, baptêmes, mariages et décès. C’est le curé Brisoux qui avait en charge la paroisse de Lompret mais il fut remplacé par un prêtre constitutionnel, nommé Vandome. Ce brave curé, lors de l’enregistrement des actes, semble « y perdre son latin ». Il lui arrive ainsi de les dater soit selon le calendrier traditionnel soit selon le calendrier républicain. Il quittera Lompret le 10 Prairial de l’an IV, après avoir célébré l’union de Jean-Baptiste Cousin et Restitude Langrand. L’église restera fermée durant environ trois ans. durant cette période des prêtres clandestins et des missionnaires de passage prendront le risque de visiter les paroissiens.Au terme de ces trois années, c’est l’Abbé Rohart qui fut nommé « desservant de la succursale de Lompret. Dès 1806 les curés ne pourront baptiser, marier ou enterrer qu’après avoir vérifié que la déclaration voulue par la Loi ait été faite: pour ce faire le Maire délivrait, sur papier libre, une attestation d’enregistrement au registre d’Etat Civil de la Municipalité. L’Etat Civil était né, nous étions sous l’Empire.