Le chemin de fer

Alors qu’en 1827  la première voie ferrée voit sa création en France et en 1838 dans notre région, c’est la loi du 11 juin 1842 qui va déterminer les grandes lignes ferroviaires centrées sur Paris. Le 14 juin 1846 la Compagnie du Nord inaugure la ligne Paris Lille. Lille devient ainsi la première grande ville reliée par rail avec la capitale. trois ans plus tard le 15 juillet la loi permet d’envisager la poursuite des voies en direction de Dunkerque via Armentières. C’est ainsi que Lompret fut pour la première fois coupé en deux.

A cette époque pour se rendre au marché à Lille, il était d’usage d’emprunter le chemin pavé reliant le Tournebride à La Chapelle qui en ces temps longeait les douves de l’actuelle ferme du Grand Logis, contournait le square du train de Loos, rejoignait la ruelle des Cousins puis le chemin de La Chapelle. A l’arrivée du chemin de fer a dû être prévu un passage à niveau à l’intersection du chemin et des rails. le plan régularisé le 9 juillet 1846 établissait cet ouvrage en faîte de la butte et en pleine courbe.

Dès le début d’exploitation de la ligne inaugurée le 1er septembre 1848, le passage à niveau n°13 vint à présenter de nombreux désagréments. En la fermeture à clef de nuit du passage à niveau provoque de nombreux retards et désagréments aux cultivateurs qui  se rendent entre 1 et 6 heures du matin au marché de Lille et sont obligés de faire appel au garde qui réside à plus de 3000m du dit passage. Maintes interventions auprès du préfet du Nord le maire de Lompret sont infructueuses. En 1857 le garde est ramené à un logement situé  à 1500m, est tenu de nuit de livrer passage aux 7 ou 8 voitures qui se rendent soit à Lille soit aux champs. Durant la journée une femme garde barrière rend le service.

Extraits des rapports du Préfet du Nord source Gallica Bnf années 1888 à 1892

Une trentaine d’années s’écoule sans réclamation particulière, alors que trafic et ennuis s’amplifient.

En date du 3 décembre 1889, dans un courrier l’ingénieur en chef du contrôle à l’agent voyer en chef suivi d’autres correspondances qu’un devis estimatif chiffre les travaux visant au redressement du chemin et proposition de réaliser un passage inférieur. le 6 avril 1892 la commission départementale délibère:

« Le conseil municipal de Lompret, demande, qu’une subvention soit allouée à la commune, pour les travaux, afin de substituer un passage inférieur au passage à niveau existant. Il se présente dans des conditions absolument dangereuses au point de vue de la sécurité publique, et son maintien fait depuis longtemps l’objet de vives réclamations, de la part des populations intéressées. La commune de Lompret en accord avec la compagnie de chemin de fer du Nord, propose une solution. La dite compagnie prend à sa charge l’établissement de l’ouvrage d’art principal et tous les travaux accessoires dans la limite des terrains qui lui appartiennent, et la commune pourvoie à ses frais à la déviation proprement dite du chemin y compris la traversée du passage inférieur.

Ces conditions sont certainement avantageuses au point de vue des intérêts municipaux et il convient de mettre à profit les bonnes intentions de la compagnie du nord.

Toutefois, même si la petite commune de Lompret a déjà consacré ses fonds libres à l’acquisition de 10000 pavés neufs, il reste à pourvoir à la création des ressources nécessaires pour couvrir les autres dépenses. Le conseil municipal sollicite une subvention pour l’aider et cette demande est parfaitement justifiée.

Je vous prie de bien vouloir, allouer le secours de 2100 f. sollicité et d’en autoriser l’imputation sur le fond des amendes de police correctionnelle.

Conclusions adoptées. »

Ce n’est qu’en juillet 1898 après 6 ans de négociations, d’acquisition des terrains nécessaires et de travaux que la restauration de la chaussée permet de passer sous le petit pont dont la largeur correspond encore aujourd’hui à celle utile au passage d’une charrette, il aura fallu 52 ans d’âpres pourparlers pour l’obtenir.

Un siècle plus tard Lompret se retrouve déchiré une nouvelle fois sur l’autel du progrès. Dès les années 1980, on vient à connaître du projet de passage sur la commune de la ligne Très Grande Vitesse, qui reliera quelques années plus tard Lille à Londres. Conscients de l’utilité de cette voie de circulation les lomprétois se mobilisent ainsi que les habitants des communes traversées contre les nuisances principalement sonores qui vont découler de cette infrastructure. Le comité de défense ira jusqu’à creuser symboliquement une tranchée, réclamant ainsi le passage en enterré du TGV. Le 9 octobre 1990 un référendum est mené sur la commune: 98% des 756 votants de plus de 18 ans se prononcèrent sur le passage en tranchée. Des sonomètres seront mis en place par le S.I.V.U. qui décida d’apporter les aménagements nécessaires à la protection de l’environnement, le financement de cette étude fut financée en partie par le conseil Régional et la C.U.D.L.. La solution du passage en tranchée ne fut pas retenue comme aujourd’hui nous le constatons, mais merlons et murs antibruit ont été mis en oeuvre. Mr Etienne Mazereeuw, le 7 février 1992, transforma l’association de défense en « LOMPRET ENVIRONNEMENT » association qui devra dès lors maintenir sa vigilance sur ce dossier et se plonger sur une nouvelle menace l’A1bis qui grâce à la pression de toutes les populations du secteur sera abandonnée au cours des années 2010.