Les incendies

La peur de l’incendie, la hantise du feu qui détruit en quelques instants la vie d’une famille ou de tout un quartier, avec ses logis, ses échoppes et récoltes, est une composante avec laquelle doivent vivre les contemporains du XIXème siècle. La ville de Lompret n’est pas épargnée par cette peur.

Le comte Alban d’Hespel résidant au château de la « Falèque » (sur le fronton de la bâtisse on retrouve encore les armoiries de la famille d’Hespel) voit en 1881 disparaître l’une de ses propriétés ravagée par un incendie. Cette grande demeure comprenant une porte cochère et douze portes et fenêtres sera reconstruite en 1884, mais ne résistera pas à la 1ère Guerre Mondiale.

Une décennie plus tard, un violent incendie détruit trois maisons au hameau de la citadelle. Le feu a pris naissance dans l’habitation des époux Warembourg le 1er septembre 1891. On retrouve sous les décombres à l’endroit même où le feu s’est déclaré leur enfant, Augustin, âgé de 4 ans, « presque entièrement carbonisé » (extrait du journal La Lanterne du 9 septembre 1891). On présume que c’est en jouant avec des allumettes que cet enfant a allumé l’incendie.

Le troisième incendie en à peine 30 ans se déclare au lieudit La Phalecque. Au début de l’année 1903, le café Chez Billau appartenant à Raoul Bonduel, brasseur à Loos, situé à l’angle de la rue des Vilains et de la rue de l’Eglise (l’actuelle pharmacie) est en proie aux flammes. La commune ne disposant pas d’un corps de sapeurs-pompiers constitué, ce sont les pompiers de Pérenchies, commune limitrophe, qui interviennent pour éteindre le feu. Le conseil municipal votera dans sa séance du mois de mai une allocation de 20 francs à la compagnie de Pérenchies pour leur intervention. Une autre version voudrait que ce soit le vieux curé du moment, l’Abbé Sénéchal qui se rendant sur les lieux et prononçant quelques prières, fasse changer soudainement de direction le vent et épargnant ainsi de l’incendie les maisons environnantes.

Le service départemental d'incendie

Malgré ces sinistres à répétition, la commune ne créera jamais de subdivision de sapeurs-pompiers. Dans les années 1940 avec la création d’un service départemental d’incendie et de secours, Lompret, commune dépourvue de moyens de défense contre le feu est rattachée en 1er appel, au centre de secours d’Armentières et en 2ème appel à Lille comme le prévoit l’arrêté du 8 septembre 1943.

En 1946, la commune est rattachée à la ville de Tourcoing comme centre de 1er appel en cas d’incendie et à Armentières comme 2ème appel. Le Préfet invite donc la commune à prévoir au budget un crédit 50 francs par habitant, soit une somme de 32 150 francs, pour participation aux frais de service départemental d’incendie et de secours. Le maire estime la somme imposée par la préfecture considérable. Il fait remarquer en outre que la commune ne dispose d’aucun moyen d’extinction de foyer d’incendie, que l’eau manque partout, que les pompiers de Tourcoing chargés d’intervenir en cas de besoin, se dérangeraient pour rien. M. le Maire trouve nécessaire de protester énergiquement auprès des services préfectoraux pour leur signifier que cette indemnité est vraiment une charge trop lourde figurant dans un budget déjà très comprimé. De plus, il juge que la venue des pompiers de Tourcoing en cas de sinistre serait trop tardive. La commune sera donc rattachée au centre de secours de Marcq-en-Baroeul.

En 1955, le maire de Lompret demande au Préfet le rattachement de la commune au Centre de Secours de Lomme. C’est à la suite du désir exprimé par le Directeur de la Caisse d’Allocation Familiales de Lille de lui voir confier la défense contre l’incendie de la Maison de Repos pour femmes et enfants construite en 1954 (Château de La Phalecque). En effet, l’intervention des sapeurs-pompiers de Lomme en cas de sinistres se ferait plus rapidement que celle des sapeurs-pompiers de Marcq-en-Baroeul dont la caserne est très éloignée de Lompret, sans pour cela accroître démesurément leur besogne, la commune n’ayant pas connu d’incendie depuis le début du siècle.

L'eau et le feu

Aucune rivière ou ruisseau ne traverse la commune, si bien qu’il n’existe ni lavoir, ni abreuvoir et en cas d’incendie les habitants ne disposent d’aucun point d’eau pour le combattre efficacement. En 1932, la municipalité de Lompret décide donc de doter la commune en eau potable. Le projet de la Société des Eaux du Nord pour la pose de canalisations prévoyait la pose d’une bouche d’incendie. Les travaux devaient commencer à l’été 1933 pour s’achever en 1934. Un décret du 8 août 1934 va ramener la subvention du ministère de l’Agriculture de 90% à  35%. Ce décret ne prend plus en compte les régions dévastées, ni l’importance des destructions d’immeubles du fait de la guerre. La dépense s’élevant à 585 513 francs, le projet n’aboutit pas.

En 1953, les prémices de l’eau courante arrive à Lompret avec l’installation d’une conduite d’eau potable à la Cité Familiale, allée du Croquet. Puis, en 1958, un deuxième projet d’alimentation en eau potable est proposé. Avant cette date, peu de confort, beaucoup de foyers ne disposaient pas d’eau courante. Il fallait se rendre au puit, parfois collectif, la circulation ne se faisait que par des routes pavées, dignes d’un « Paris-Roubaix ». Entre 1956 et 1958, après l’agrandissement du village par la construction du lotissement du Croquet (62 maisons sortent de terre à la Cité Familiale), la modernisation des infrastructures suivent. Les pavés de Lompret font peu à peu place à des chaussées asphaltées et la municipalité décide d’en profiter pour y enfouir tous les réseaux de distribution indispensables à un mode de vie moderne. L’alimentation en eau à cette époque est en effet assurée par des moyens précaires, puits individuels de faible profondeur et  des forages privés creusés dans les jardins à proximité des étables et bien souvent des fosses d’aisance, n’offrant aucune garantie de débit et de potabilité.

Cette fois, l’affaire est conclue et l’adjudication est lancée le 18 avril 1959. Dans les trottoirs éventrés sont alors installées les canalisations d’eau attendues depuis si longtemps. Dans le cahier des charges accepté par le maire, il est prévu que la lutte contre l’incendie soit assurée par neuf bouches d’incendie. En 1960, deux de plus sont proposées, l’une dans le chemin d’accès au Château de la Phalecque et devant servir au Centre de Repos de la CAF et l’autre dans la rue Paul Brame et devant servir au nouveau groupe scolaire. En 1966, afin de renforcer les moyens de lutte contre l’incendie, deux autres nouvelles bouches d’incendie sont posées côté Cité Familiale.

Dans un article de la Voix du Nord paru en 1965, la doyenne de Lompret, Mme Delbarre, alors âgée de 89 ans, montre fièrement le robinet qui amène l’eau courante dans sa cuisine à la correspondante et lui dit « finie la corvée d’eau au puit ».