Les échos d'avant la révolution

Source Victor Becquart dans Documents historiques et archéologiques (1879).

« Il y a un nom qui semble le mauvais génie de nos contrées, c’est celui de Louis de Nevers. Continuellement en guerre avec ses sujets, ce comte attirait sur nos ancêtres tous les fléaux.

Ainsi en 1339, les Flamands et les Anglais, sous les ordres du comte de Salisbury, apportèrent dans le village le pillage et la désolation, sous prétexte de combattre Louis de Nevers.

Là ne se bornèrent pas nos malheurs, dit Meyer: les églises furent partout fermées et le sacrifice divin interrompu. Toute notre contrée était frappée d’interdit. Voici quelles en étaient les causes. Les Flamands n’avaient pas payé au roi l’argent promis. Ils n’avaient pas conformément au traité de 1305, abattu les fortifications désignées. Ils avaient tué, à Bruges, et mis en pièces dix des amis fidèles du comte de Nevers.

En 1382, Louis de Mâle, aussi fatal à la Flandre que M de Nevers, appela les Français à son secours. Ils vinrent, mais sans doute pour s’indemniser, ils ravagèrent la châtellenie et surtout Lompret. Lorsque Louis le Mâle trépassa, le 10 janvier 1383, et que son corps fut mis en sépulture avec celui de sa femme St Pierre de Lille, c’est Guyot de Lompret qui fut ordonné pour la conduite de la cérémonie. »

Des troubles religieux marquèrent le XVI siècle, des exterminations ont lieu en 1553 à Lille. Plus de 100.000 personnes émigrent vers les pays Bas et L’Angleterre.

 » Dans les temps où la réforme de Luther pénétra en Flandres, notre village ne fut pas épargné, Jean Soreau et Cornille, en 1566, avaient rassemblé leurs adeptes. On se réunit à Lompret.

Les sectaires avaient compté sans l’ardeur de l’implacable Vilain de Gand, seigneur de Lomme qui surveillait notre région.

Il suivait impitoyablement les ordres du duc d’Albe. Il traquait les religionnaires sans trêve ni merci. La troupe des gueux fut détruite près de Wambrechies et le village de Lompret ne revit plus les prédicants et leurs disciples. »

D’autres écrits relatent d’autres maux:

 » Depuis quelques temps, une troupe de malfaiteurs répandant l’effroi dans la châtellenie de Lille, déjà en butte aux courses et pilleries des Gueux et des Hurlus. C’était pitié de voir ce pauvre peuple s’enfuir des villages où il n’avait nul moyen de défense, pour venir se réfugier dans les villes où il n’avait nul moyen d’existence. Certains riches fermiers, plutôt par avarice que par vraie croyance dans les damnables doctrines de Luther, Melanchton et autres, s’étaient avisés, dans les commencements, que mieux valait encore d’aller aux prêches entendre prier en mauvais français et débiter maintes vilenies contre Saint-Père le Pape, violenter leurs femmes ou leurs filles que de perdre tous leurs biens temporels, auxquels ils avaient tant d’attaches.

Mais Dieu,qui, par juste raison, punit souvent les avaricieux par le sujet même pourquoi ils ont péché, suscita contre eux plusieurs enragés voleurs et maraudeurs, appelés Bocquetteaux, à raison de ce qu’ils se cachaient le jour dans les bois, d’où ils sortaient, la nuit pour se livrer, à l’encontre des plus riches censiers de la châtellenie, à leurs cruelles et détestables pratiques, lesquelles consistaient, à prendre et à lier lesdits censiers par leur cou, et puis, étant lesdits censiers ainsi pris et liés, ces méchants et cruels Bocqueteaux les attachaient dans leur maison et amassaient sous leurs pieds des fagots, à quoi ils mettaient le feu, et dansaient en attendant que lesdits censiers ne révèlent l’endroit où était placé leur argent.

Or, lesdites pratiques, souvent répétées aux environ de Lille, avaient presque fait abandonner les labours, et le risque de disette devenait grand. Il fallait absolument les arrêter pour les punir.

Un jour alors que deux d’entre eux s’étaient rendu en la ville de Lille, pour y mener joyeuse vie et dépenser, le jour durant, quelque portion d’argent qu’ils avaient dérobé, ils furent reconnus et mis entre les mains de M. Marissal, lors prévôt de Lille. Le 8 de février 1575, les deux Bocqueteaux furent condamnés au feu.

Entre 4 et 5 heures du soir, on les attacha à une étaque, et, à six pieds autour d’eux, on alluma un grand feu qui les cuisait sans pouvoir les brûler, car leur chaîne était longue seulement de 3 pieds.Ce fut un horrible spectacle. On attisait toujours le feu, au bout d’une heure, l’un des deux tomba, l’autre a duré quelques minutes de plus.

Après les Bocqueteaux et les Hurlus, les Mécontents de la garnison de Menin vinrent affliger notre village, ils choisissaient bien leur moment. C’était au mois de septembre, les récoltes, douce récompense des labeurs de l’année, étaient mises en sûreté. elles furent enlevées ou réduites en cendres. »

 » A la mort de Philippe IV, roi d’Espagne, en 1663, la commune épuisée par la guerre et la peste, voyait ses belles propriétés restées improductives faute de bras pour les cultiver.

Quatre ans après, la ville de Lille ayant su que Louis XIV élevait des prétentions sur la Flandre, fit de nouvelles levées dans la châtellenie. Bourgeois, manants et religieux furent embrigadés pour travailler aux fortifications.

Lille, enlevé par Louis XIV, en 1667, fut repris par les alliés en 1708. Ce ne fut pas sans avoir organisé une admirable défense et quelques habitants de Lompret coopérèrent à la résistance. «