Le château de Villers

Au XVème siècle le parc accueillait sur une motte un château ainsi qu’une chapelle. on peut encore l’admirer dans les albums du Duc de Croÿ réalisés par son peintre Adrien de Montigny qui l’avait fait dessiner comme toutes ses propriétés afin d’en établir un inventaire.

Au premier plan du dessin on remarque la route venant de Lille et se dirigeant vers Pérenchies. Au « Tournebride », un embranchement se dirige à droite vers le village de Lompret formé de chaumières et de quelques maisons de briques couvertes de tuiles. Le village est dominé par son église en pierres (ou en briques jaunes), couverte d’ardoises: tour à contreforts avec une baie sur chaque étage des cloches, flèche en charpente à lucarnes; nef et chœur sont coiffés d’une grande toiture; le chevet semble à trois pans; chapelle sur le flanc sud, signalées par leur pignon. De nos jours l’église a été reconstruite deux fois.

Le fief de VILLERS (ou VILLERS-BUTEUX) dépendait de la Seigneurie de Cysoing. Il comprenait un château et quinze bonniers de terre (environ 21,3 hectares en mesure de Lille). Plusieurs bâtisses s’y succédèrent au fil des siècles.

La famille de Villers est originaire de Flandre et possédait le château de Villers-Buteux (ou Butte) au XIVe siècle (dates mentionnées : 1352 et 1402), entre Lille et Armentières (à Lompret).

Robert de Villers, l’un des membres de cette famille, qui combattait dans le camp de l’Empereur Charles Quint fut fait prisonnier et dut vendre sa terre de Villers (avec le château) pour payer sa rançon. Il possédait également la terre de Fermont qu’il donna en dot à sa fille. Jehan (ou Jean) de Villers, le fils de Robert, a été élu échevin de la ville d’Arras. Il avait épousé une certaine Catherine Des Pré. Il est décédé à Arras en 1530 et a été inhumé dans la chapelle Saint-Sébastien à l’intérieur de l’église Saint-Géry. Un tableau le représentait avec ses vêtements d’échevin, ses éperons et son blason. L’église Saint-Géry a été reconstruite au XIXe nous recherchons si cette toile a été sauvegardée. Dans un document conservé aux archives du Département du Nord, il est question d’une bagarre dans une auberge d’Arras en 1522 qui se termine par un coup de hallebarde fatal. L’un des témoins était « Jehan de Vilers dit Buteur ». C’est  l’époque où Jehan de Villers, fils de Robert, était échevin à Arras. S’agit-il de la même personne ? Louis de Villers, un descendant de Jean, a été militaire. En suivant son officier, le célèbre maréchal de La Châtre, il a changé de région et s’est établi vers Bourges. Gabriel de Villers, un fils de Louis, également militaire, habitait à Egreville (en Seine-et-Marne). C’est pourquoi, il est cité dans un ouvrage de 1628 écrit par Guillaume Morin Prieur de l’abbaye de Ferrières près de Montargis dans le Gâtinais, sur cette région. Le moine a cru bon d’ajouter une généalogie de ce nouveau-venu à Egreville pour mieux le situer. La maison de Gabriel de Villers avec sa fenêtre aux trois têtes sculptées qui représenteraient sa femme (Elisabeth) et ses deux filles (Louise et Françoise) est encore visible de nos jours. Suite au mariage des filles de Gabriel de Villers, on retrouve la trace de leurs descendants (sous un autre patronyme) dans la Brie, en Lorraine et à Troyes.Dans les numéros du « Mercure galant » de mars, juin et juillet 1700, il est fait mention du décès des filles de Gabriel avec un rappel de leur généalogie et de leur origine géographique.

Au XVIème siècle, la seigneurie appartenait à Marguerite de LILLE, comtesse de BUCQUOY et dame de Fresne. Elle vendit sa propriété en 1595 à Chrétien de SARRAZIN, chevalier.

D’abord marchand à Lille, Chrétien de SARRAZIN abandonna le commerce pour devenir homme d’armes au service du souverain des Pays-Bas. Il fut nommé chevalier par le roi Philippe II en 1582. Il fut seigneur de Lompret puis de Lambersart par cession de son frère. Chrétien SARRAZIN se mariera à deux reprises et eu plusieurs enfants de ses deux lits. Mort en 1617, il laisse ses seigneuries à son fils ainé Jean, seigneur de Lambersart, Ruy, Moriensart, Villers, Lompret, des Gouthières et Clecquel. Mais Jean de SARRAZIN meurt deux ans plus tard, le 29 août 1619. Le fief de Lompret passa alors à son frère Chrétien II.

L’activité au château devait être importante car l’histoire mentionne au fil des ans de nombreux jardiniers, servantes, valets, cuisiniers, charreton…

Outre la cense attenante, il existait également une chapelle où se déroulaient d’heureuses cérémonies. En 1654 est ainsi baptisée Marie-Joseph DE LANGUE, fille de Valentin et de Marie-Françoise de SARRAZIN. Le parrain n’est autre que le grand-père : Chrétien de SARRAZIN. Ce dernier avait également marié dans cette chapelle deux de ses filles en 1634 et 1652, ainsi que son propre censier Nicolas DE PAU en 1643 avec Françoise DE LANNOY.

Le 21 avril 1687 est organisée une vente des meubles appartenant à Jean PLANQUE, le censier de VILLERS. L’opération attire de nombreux acheteurs.

Nicolas Faulconnier en deviendra le propriétaire quelques années plus tard.

Le château était ceinturé de douves. Il était composé de trois bâtiments en briques, couverts de tuiles, composant un premier îlot auquel on accède par un portail précédé d’un pont: dont on voit les rembardes, c’est la « basse-cour ». Cette ferme en 1536 était occupée par Jean Step. Un pont levis permettait d’accéder au second où se dressait le château proprement dit. Il était construit en briques, de style Renaissance. Un parapet crénelé en défendait le portail. Cinq bâtiments de tailles diverses formaient une cour. Les plus importants, couverts d’ardoises, avaient des pignons à pas de moineaux et étaient largement éclairés par de grandes fenêtres à croisillons. D’un d’entre eux émergeait une flèche en aplomb d’une tourelle, il abritait probablement la chapelle. Les deux autres, l’un plus bas, l’autre plus étroit, étaient couverts de tuiles est se rejoignaient à l’angle de droite sur une tourelle coiffée d’ardoise en poivrière et accolée d’une tour carrée, partant de fond et coiffée en bâtière (le « lieu secret » et les communs).

Le château d’origine a été entièrement détruit et reconstruit .

Seule la ferme du XVIIème siècle demeure de nos jours.

Durant la guerre de 1914 à 1918 les propriétaires la famille Coustenoble avaient quitté les lieux et rejoint leur domicile Lillois du 224 rue nationale. Monsieur Henri Coustenoble, rentier, étant parti en guerre, il avait laissé la garde du château à Monsieur Auguste Neuféglise. Les allemands apprirent que des armes étaient cachées au château, après les avoir découvertes au cours d’une perquisition, le 5 janvier 1915, il fusillèrent séance tenante Monsieur Auguste Neuféglise, âgé de 49 ans, laissant une veuve et un enfant de huit ans. Le 7 mars 1916 partie des biens ont été saisis par la Kommandatur de Pérenchies. A cette époque le château était connu sous l’appellation « Château Fauvarque ».

Durant la seconde guerre mondiale, entre 1940 et 1944, des soldats allemands qui intervenaient sur Pérenchies perquisitionnèrent le château VILLERS pour y loger.

Courant du XXème siècle il fut occupé par les sœurs de la congrégation de Notre Dame de Charité du Bon Pasteur. Sous l’autorité du chanoine Cousin elles avaient la charge de rééduquer « les filles de justices ».

Il fut transformé en centre de remise en forme.

Il n’en reste aujourd’hui, suite à un incendie l’été 2000, que des ruines.